CRÉ
A
TU
RES
« Il suffit d’entrer dans n’importe quelle chambre de n’importe quelle rue pour que se jette à votre face toute cette force extrêmement complexe de la féminité.
Comment pourrait-il en être autrement?
Car les femmes sont restées assises à l’intérieur de leurs maisons pendant des millions d’années, si bien qu’à présent les murs mêmes sont imprégnés de leur force créatrice.
Et cette force créatrice surcharge à ce point la capacité des briques et du mortier qu’il lui faut maintenant trouver autre chose. S’harnacher de plumes, de pinceaux, d’affaire et de politique »
Virginia WOOLF, Une chambre à soi, 1929
«Il suffit d’entrer dans n’importe quelle chambre de n’importe quelle rue pour que se jette à votre face toute cette force extrêmement complexe de la féminité.
Comment pourrait-il en être autrement?
Car les femmes sont restées assises à l’intérieur de leurs maisons pendant des millions d’années, si bien qu’à présent les murs mêmes sont imprégnés de leur force créatrice.
Et cette force créatrice surcharge à ce point la capacité des briques et du mortier qu’il lui faut maintenant trouver autre chose. S’harnacher de plumes, de pinceaux, d’affaire et de politique»
Virginia WOOLF, Une chambre à soi, 1929
IL DÉPEND
DE CELUI QUI PASSE
QUE JE SOIS TOMBE
OU TRÉSOR
QUE JE PARLE
OU ME TAISE
CECI NE TIENT QU’À TOI
AMI N’ENTRE PAS SANS DÉSIR
Paul Valéry, 1937
« CRÉATURES » est une série de collages de très grand format (environ 3 x 4 m) initiée en 2024 lors d’une résidence à la Fruitière Numérique de Lourmarin.
Ce projet prend sa source dans un texte de l’autrice Siri Hustvedt, écrit peu après l’élection de Donald Trump, dans lequel elle dénonce la brutalité des propos tenus par ce dernier à l’égard des femmes – qualifiées de « grosses truies », « chiennes » ou encore « animaux dégoûtants ».
Ce matériau littéraire a servi de point de départ à une réflexion visuelle sur les mécanismes de déshumanisation et de réduction du corps féminin à des archétypes grotesques. Mon intention : travailler à partir de cette violence verbale et symbolique pour générer des images puissantes, ambiguës, dérangeantes.
Les figures féminines que je compose deviennent des créatures hybrides, à la fois monstrueuses et sensibles, construites à partir de fragments d’archives photographiques et de documentation visuelle.
Chacune d’elles est le fruit d’un long travail de collage numérique, ensuite matérialisé par un assemblage manuel de centaines de photocopies A3.
Ce processus — fait à l’échelle 1, au sol, dans une relation physique directe — engage fortement mon propre corps dans l’acte de création. Il s’agit d’un travail lent, minutieux, répétitif, proche du tissage ou du rituel.
Par ce geste plastique, je cherche à interroger les normes de représentation du féminin, les injonctions à la beauté, les assignations de genre, tout en mettant en tension l’image et la matière.
Les corps recomposés deviennent des icônes critiques : ni victimes, ni fétiches, mais des présences troublantes, entre attraction et rejet.
Le grand format n’est pas un effet de style : il vise à créer une confrontation directe avec le spectateur, à amplifier la gêne ou l’ambivalence face à ces figures volontairement trop grandes, trop présentes, trop “incontrôlables”.
COLLAGE PAPIER // Hauteur 3 mètres – Largeur entre 2 et 4 mètres
Le déni de l’anatomie et du corps comme destin ne date pas d’hier
Il fut bien plus virulent dans toutes les sociétés antérieures à la nôtre
Ritualiser, cérémonialiser, affubler, masquer, mutiler, dessiner, torturer
Pour séduire
séduire les dieux, séduire les esprits, séduire les morts
Le corps est le premier grand support de cette gigantesque entreprise de séduction.
Jean Baudrillard, De la séduction, 1929